Le patrimoine urbain est un concept polysémique, complexe et multidimensionnel permettant de comprendre le processus et les mécanismes de constitution des identités, a affirmé le chercheur Mohamed Yakine.
En évoquant le patrimoine urbain, la première idée qui traverse les esprits c’est que cela touche le passé ou une partie de la mémoire. Or, il s’agit d’une thématique cruciale pour comprendre le processus de constitution de notre identité et qui s’inscrit dans le cadre du local, du national et de l’international, a souligné le chercheur en anthropologie dans une interview à la MAP.
La conservation du patrimoine urbain dont la définition simple renvoie aux sites historiques qui immortalisent les civilisations qui se sont succédées sur un lieu ou un espace, est un grand défi vu l’évolution urbaine qu’a connue le monde ces derniers temps, a-t-il remarqué, notant que le patrimoine urbain constitue un legs important qui part de ce qui est architectural jusqu’à embrasser toutes les formes du patrimoine immatériel.
Pour l’universitaire, le patrimoine urbain du point de vue anthropologique ne se limite pas au patrimoine au sein d’une ville ou d’un espace géographique déterminé. Aujourd’hui, a-t-il souligné, les espaces verts et d’autres qui revêtent un aspect environnemental sont intégrés dans le patrimoine urbain vu l’importance qu’accordent les recherches sociologiques et anthropologiques à l’environnement.
Le patrimoine urbain ne doit pas être abordé d’un angle purement matériel (sites et monuments historiques) d’où l’importance des recherches anthropologiques multidimensionnelles qui s’enrichissent au fil des jours grâce aux débats et dialectiques juridiques et des droits de l’Homme, et à la faveur aussi des canaux de plaidoyer pour la promotion de domaines particuliers.
Le concept du patrimoine urbain a évolué à travers le temps, ce qui rend l’approche anthropologique vitale, a poursuivi M. Yakine, expliquant que cette approche se veut globale et critique, et tente d’aborder ce sujet selon diverses dimensions, en recourant en permanence à une approche critique de l’ensemble des concepts et définitions produites sur le patrimoine urbain.
A cet égard, il a souligné qu’on peut soulever nombre de questions sur les rôles du patrimoine urbain et les mécanismes d’aborder ce domaine d’autant qu’on est devant de multiples acteurs, en l’occurrence les consommateurs, producteurs, investisseurs et adeptes du patrimoine.
Il s’agit d’un domaine complexe aussi bien lorsqu’on aborde le patrimoine en tant que produit, que comme thème de recherche, a-t-il fait observer.
Selon le chercheur, plusieurs questions sont soulevées telles les modalités d’utilisation du patrimoine urbain et les actions à entreprendre pour le promouvoir, notant que ce patrimoine peut être mis à profit pour servir le domaine touristique mais aussi pour conserver, promouvoir et faire évoluer le patrimoine dans sa globalité.
M. Yakine a insisté, dans ce sens, sur le fait que le patrimoine urbain revêt une importance capital, comme en témoigne le riche patrimoine des villes de Marrakech, Rabat et El Jadida.
Il a cité, à cet égard, la place de Jemâa El Fna à Marrakech inscrite au patrimoine mondial immatériel, la gare routière de Rabat et le quartier portugais à El Jadida.